Les musées de La Rochelle : itinéraires sensibles au fil des collections et de l’océan

Difficile de ne pas commencer par ce géant translucide, phare culturel parmi les musées français les plus visités hors Île-de-France (plus de 800 000 visiteurs par an en moyenne selon Ouest-France). L’Aquarium de La Rochelle, fondé en 1988, est bien plus qu’une simple exposition d’espèces marines : c’est un voyage en 3 millions de litres d’eau, flottant entre 12 000 animaux et 600 espèces venues de l’Atlantique, des mers tropicales, des Caraïbes et de l’Indo-Pacifique.

• Le must à voir : Le tunnel des requins, où frôler des dents acérées à travers 20 centimètres de verre, reste une expérience mythique pour petits et grands.
• Le plus poétique : La salle des méduses, progressivement agrandie depuis 2015, offre une danse hypnotique à ne rater sous aucun prétexte.
• Engagement durable : L’aquarium dispose de son propre centre de soins pour tortues marines, unique sur la façade Atlantique française (plus de 200 tortues soignées depuis 1988, source : Fondation Aquarium).

À noter : les expositions temporaires, souvent en partenariat avec des artistes locaux ou internationaux, renouvellent le plaisir d’une visite qui change au gré des saisons.

Quoi de mieux pour ressentir l’âme d’une cité portuaire que de grimper à bord d’un navire ? Le Musée Maritime de La Rochelle offre cette immersion, littéralement, grâce à sa remarquable flottille amarrée dans le bassin des chalutiers. On y découvre sept bateaux classés Monuments Historiques, dont le France 1, ancien navire météorologique (construit en 1958).

• Réserve précieuse : L’intérieur du France 1 étonne par sa fidélité : cabine du capitaine, radio, pont météo, jusqu’au carré des officiers, tout invite à rêver de grandes traversées.
• Rareté : Le chalutier l’Angoumois (1959), dernier survivant d’une flotte jadis emblème de la pêche locale, se visite, ode aux travailleurs de la mer.
• Focus : Le musée expose aussi des collections sur l’histoire migratoire rochelaise, notamment l’émigration vers le Canada et l’Acadie au XVIIᵉ siècle.

Depuis 2016, un espace d’exposition contemporaine s’est ajouté, témoin de la volonté d’ancrer le musée dans le présent et le débat écologique maritime (cf. musee-maritime-larochelle.fr).

Derrière sa façade discrète sur la rue Gargoulleau, le Musée des Beaux-Arts cache une remarquable collection, principalement centrée sur les XIXᵉ et début XXᵉ siècles. Ici, pas de grands halls intimidants : l’intimité des salles sert de bel écrin à plus de 900 œuvres, dont celles d’Eugène Boudin, Paul Signac, Gustave Doré ou Maurice Denis.

• Pépite : Le fonds Autrichien, enrichi grâce au legs du collectionneur François-Marie Moisson, réunit des croquis rares d’artistes viennois du XIXᵉ.
• À ne pas manquer : Les Accrochages thématiques se renouvellent deux à trois fois par an, offrant régulièrement de nouveaux parcours pour les habitués (données : Ville de La Rochelle).
• Accessibilité : Quasiment toutes les œuvres sont accessibles lors des visites guidées adaptées aux déficients visuels avec audioguides descriptifs spécifiques (cf. Ville de La Rochelle).

Avec ses 2 400 m² d’exposition, le Muséum de La Rochelle est le plus grand du genre sur la façade Atlantique. Il occupe un hôtel particulier du XIXᵉ siècle, avec une architecture lumineuse qui s’ouvre sur un jardin d’acclimatation – un îlot paisible au cœur de la ville.

• L’inattendu : Le niveau ethnographie réserve de belles surprises, avec sa pièce dédiée aux Civilisations d’Océanie, issues des collectes des explorateurs Rochelais tel Pierre-Adolphe Lesson (source : musée, inventaire patrimonial).
• Le frisson : Le cabinet de zoologie abrite une girafe empaillée, arrivée en cadeau à La Rochelle au XIXᵉ siècle, que les enfants n’oublient jamais.
• Chiffres : Près de 10 000 objets exposés, issus d’un fonds global de plus de 200 000 pièces (source : Muséum La Rochelle).

Petite histoire de cabinets de curiosités

On retrouve ici l’esprit des premiers cabinets de curiosités : fossiles, coquillages, papillons exotiques, pierres rares. Un vrai tour du monde sans quitter le Port d’attache Rochelais.

Le Musée du Nouveau Monde, installé dans un hôtel particulier XVIIIᵉ dont la cour intérieure baigne de soleil, raconte une histoire singulière : celle des liens de La Rochelle avec les Amériques. On y explore autant les rêves de fortune coloniale, les routes de l’esclavage (avec une scénographie forte et pédagogique), que le dialogue des arts entre Europe, Afrique et Amérique, du XVIᵉ au XIXᵉ siècle.

• Le trésor : Une collection exceptionnelle de tableaux sur la Caraïbe, dont la célèbre « Vue de la Havane » (source : inventaire Ville de La Rochelle).
• Le plus marquant : L’espace dédié à la traite des Noirs, avec sa borne interactive et ses archives originales mises en contexte, le tout pionnier en France pour ce type d’approche dès 1982 (France Culture).
• Pour les curieux : Quelques œuvres d’art Haïtiens et du Mexique, issues de dons, apportent un éclairage inattendu sur le métissage.

Outre les grandes institutions, La Rochelle a le chic pour distiller des musées à taille humaine, reflets de la créativité locale et portés par des passionnés.

1. Musée Rochelais d’Histoire Protestante : dans une étonnante maison de la rue Saint-Michel, il raconte l’aventure du protestantisme, dont La Rochelle fut un haut-lieu dès le XVIᵉ siècle – archives, gravures, objets du culte, tout est là pour comprendre l’âme frondeuse de la ville.
2. Chapelle des Dames Blanches : mi-musée, mi-centre d’expositions temporaires, elle propose, dans son décor baroque, des expositions sur l’art contemporain local, la photo, le design, dans une ambiance feutrée et lumineuse.
3. Musée d’Orbigny-Bernon : actuellement en rénovation (réouverture prévue fin 2024, Source : Ville de La Rochelle), ce musée d’art et d’histoire régionale conserve des collections archéologiques et des faïences anciennes – un patrimoine discret, parfois méconnu, mais précieux pour saisir l’histoire rochelaise au fil des siècles.

• Horaires et billets : Beaucoup de musées ferment le lundi hors vacances scolaires. Certains proposent un billet unique permettant de coupler plusieurs visites (Musée du Nouveau Monde + Musée des Beaux-Arts, cf. mairie-larochelle.fr).
• Nocturnes : L’Aquarium et parfois le Musée Maritime organisent des soirées spéciales (Nuit européenne des musées, événements été), à surveiller sur leurs sites officiels.
• Gratuités : De nombreux musées sont accessibles gratuitement le premier dimanche du mois d’octobre à mai, sauf Aquarium (sources : Ville de La Rochelle, musées municipaux).
• Accessibilité : Tous les musées majeurs de La Rochelle s’engagent à rendre leurs parcours accessibles au public à mobilité réduite.

Oser franchir les portes des musées de La Rochelle, c’est accepter de se laisser surprendre, au hasard d’une tempête de corail, d’un carnet d’explorateur, d’une toile impressionniste. Impossible ici de tout voir en un seul jour : ces lieux s’apprivoisent, se revisitent, révèlent d’autres facettes quand la lumière décline ou que la ville bruisse d’événements. À travers ces musées, c’est une autre Rochelaise qui s’offre à vous : inventive, cosmopolite et fière d’un patrimoine vivant.

Pour les amateurs de city break ou les résidents en quête de recoins familiers réenchantés, les musées rochelais invitent à lever les yeux, écouter l’écho du passé et sentir le souffle du large. Prochain rendez-vous ? Découvrez les coulisses de la création lors d’une visite thématique, suivez une médiatrice d’art ou laissez-vous porter par une exposition temporaire. Ici, la culture est une vague qui ne se repose jamais.

Sources : Ouest-France, Ville de La Rochelle, Muséum La Rochelle, Musée Maritime La Rochelle, France Culture, Fondation Aquarium, Ministère de la Culture, musee-maritime-larochelle.fr, mairie-larochelle.fr, Inventaire patrimoine Région Nouvelle Aquitaine.